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Adoption d’une Interdiction plus Stricte du Finning pour les Requins de Méditerranée

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Rome, Italie. Le 26 octobre 2018. Les pays de pêche rassemblés à l’occasion de la réunion annuelle de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) ont pris la décision historique d’adopter une proposition de l’Union européenne portant sur le renforcement de l’interdiction régionale du « finning » (gaspillage qui consiste à découper les nageoires d’un requin et à rejeter sa carcasse à la mer). Cette nouvelle mesure politique impose que tous les requins soient débarqués avec les nageoires naturellement attachées à leurs corps, comblant ainsi les failles qui peuvent conduire à des cas de finning non détectés. Cette interdiction complète de l’enlèvement des nageoires de requins en mer est la première de ce genre imposée par une organisation internationale chargée de questions halieutiques et engagée dans la protection de nombreuses espèces de requins pélagiques, dont les requins-taupes bleus.

Nous félicitons les gestionnaires des pêches méditerranéennes d’avoir pris cette mesure importante qui interdit le gaspillage indéfendable du finning des requins », déclare Ali Hood de Shark Trust. « Nous sommes particulièrement reconnaissants envers l’UE qui défend systématiquement l’obligation de maintenir les nageoires attachées. Cette mesure est essentielle, non seulement pour l’application efficace de l’interdiction du finning, mais aussi pour la collecte d’informations cruciales sur les captures de requins. 

Une forte demande en nageoires (servant à la préparation d’un plat de fête asiatique) contribue à l’existence de nombreuses pêcheries de requins et incite à la pratique du finning. La CGPM a interdit le finning en 2005, mais cette mesure n’a pas interdit l’enlèvement en mer des nageoires de requin. Bien que le finning ait été interdit par de nombreux organismes régionaux de pêche, des failles demeurent dans la plupart des cas. L’autorisation de l’enlèvement des nageoires en mer et de leur stockage séparé des carcasses complique la mise en œuvre de l’interdiction du finning. Le fait d’imposer le débarquement des requins avec leurs nageoires attachées réduit la charge de la mise en œuvre et rend impossible tout « écrémage » (c’est-à-dire le mélange de carcasses et de nageoires provenant de requins différents). Étant donné que l’espèce d’un requin est bien plus facile à identifier si ses nageoires restent attachées, ces mesures facilitent également la collecte de données essentielles sur les captures de requins.

Des interdictions du finning qui peuvent réellement être appliquées constituent la pierre angulaire d’une gestion responsable de la pêche au requin, et les pays méditerranéens donnent un excellent exemple que pourront suivre d’autres régions du monde », ajoute Sonja Fordham de Shark Advocates International. « Nous allons maintenant nous intéresser à l’Atlantique, étant donné que les gestionnaires de la pêche thonière envisagent d’adopter cette pratique optimale des nageoires attachées dans les grandes pêcheries qui affectent des millions de requins océaniques.

L’UE et l’Albanie font partie des 17 coauteurs d’une proposition qui entend compléter l’interdiction du finning des requins de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) par une obligation de débarquements de requins aux nageoires attachées. Les membres de la CICTA, parmi lesquels le Maroc, la Tunisie et l’Égypte, débattront de la proposition lors de la réunion annuelle de la Commission organisée en Croatie en novembre.

Nous exprimons notre gratitude aux nombreux plongeurs qui ont notamment incité l’Égypte à soutenir des interdictions applicables du finning », indique Domino Albert du Project AWARE. « La décision de la CGPM nous laisse espérer que les représentants de l’Égypte et d’autres pays méditerranéens intéressés par le développement d’un tourisme de plongée durable soutiendront cette dynamique et adopteront une mesure similaire permettant d’améliorer l’interdiction par la CICTA du finning des requins le mois prochain.

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Contact presse : Patricia Roy, adresse électronique : [email protected] , tél. : +34 696 905 907

Notes aux responsables de publications : Shark Advocates International est un projet de The Ocean Foundation consacré à la mise en place de politiques fondées sur la science pour les requins et les raies. The Shark Trust est une association britannique dont la mission est de protéger l’avenir des requins grâce à des changements positifs. S’intéressant aux requins menacés et aux débris marins, Project AWARE est un mouvement en plein essor de plongeurs engagés dans la protection de notre planète océan – plongée après plongée. Ecology Action Centre agit pour la durabilité des moyens de subsistance qui dépendent de l’océan et en faveur de la conservation marine au Canada et dans le monde. Ces organisations, avec le soutien du Shark Conservation Fund, ont créé la Shark League of the Atlantic and Mediterranean pour promouvoir des politiques régionales responsables en matière de conservation des raies et des requins (www.sharkleague.org).

La CGPM comporte 24 membres : l’UE et 23 pays (Albanie, Algérie, Bulgarie, Chypre, Croatie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Israël, Italie, Japon, Liban, Libye, Malte, Monaco, Monténégro, Maroc, Roumanie, Slovénie, Syrie, Tunisie et Turquie).

Entre 2012 et 2016, les débarquements de plus de 70 000 tonnes de raies et de requins pêchés en Méditerranée ont été déclarés, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Des mesures politiques nationales pour le maintien des nageoires attachées ont été imposées non seulement dans l’UE, mais aussi aux États-Unis, au Canada, dans la plupart des pays d’Amérique latine et dans de nombreux pays pêchant dans les océans Indien et Pacifique. Des obligations internationales pour le maintien des nageoires attachées ont été adoptées par deux organisations régionales de gestion de la pêche qui se concentrent essentiellement sur les poissons de fond : la Commission des pêches de l’Atlantique nord-est (2014) et l’Organisation des pêches de l’Atlantique nord-ouest (2016). Pendant près d’une décennie, les propositions visant à interdire l’enlèvement des nageoires de requins en mer qui ont été introduites au niveau de la CICTA ont reçu le soutien de la majorité des Parties, dont l’Albanie, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Fédération de Russie et la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest. Ce soutien s’est cependant avéré insuffisant (jusqu’ici) pour contrer l’opposition du Japon.

À ce jour, la proposition introduite en 2018 dans le cadre de la CICTA pour l’obligation de garder les nageoires attachées est soutenue par l’Afrique du Sud, l’Albanie, le Belize, le Canada, les États-Unis, la France, le Gabon, le Ghana, le Guatemala, le Honduras, le Liberia, le Nigéria, la Norvège, le Royaume-Uni (territoires d’outre-mer), São Tomé-et-Príncipe, le Sénégal et l’Union européenne.

Le groupe de spécialistes des requins de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a mis en avant la Méditerranée pour son pourcentage exceptionnellement élevé d’espèces menacées de raies et de requins. Une évaluation régionale de la Liste rouge de l’UICN a montré en 2016 que plus de la moitié des 72 espèces de raies et de requins méditerranéens sont menacées d’extinction, et 13 espèces sont déjà éteintes à l’échelle locale, principalement en raison de la surpêche.

Par ailleurs, la Shark League encourage vivement l’adoption de mesures de protection propres à chaque espèce pour les raies et les requins menacés de Méditerranée.

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